Le canevas de René Descartes
Les 5 meilleures adaptations de « Cogito ergo sum* »
(« Je pense donc je suis »)
René Descartes est né en 1596 à La-Haye-en-Touraine, une commune de France. Faisant partie d'une famille noble, il se prend d'intérêt pour les mathématiques à un jeune âge. Descartes apportera beaucoup à la science, notamment grâce à la découverte de la réfraction de la lumière. Il lèguera son nom, non seulement au plan cartésien (utilisé en mathématiques), mais également à son lieu de naissance (une chose assez flatteuse qui démontre que son passage sur Terre a été marquant).
Mais, surtout, c'est en philosophie que Descartes laisse une marque. Certains disent même qu'il est le fondateur de la philosophie moderne. Il nous laisse plusieurs écrits tels que Les Méditations métaphysiques, dans lequel il parle du doute méthodique, un de ses plus grands principes qui dit qu'il ne faut pas accepter une idée avant de l'avoir remise en cause et de l'avoir approuvée par une méthode rigoureuse.
Néanmoins, son plus grand cadeau à la philosophie demeure cette phrase qui est un des principes de base dans ce domaine :
« Je pense, donc je suis »
L'analyse de cette citation est assez directe ; si l'être humain pense, cela prouve qu'il existe. À travers les époques, plusieurs écrivains et philosophes se sont inspirés de son travail et ont adapté cette phrase, lui donnant un sens nouveau. Voici les cinq meilleures citations comportant toutes le canevas de la phrase de Descartes.
1. Le nouveau dicton de l'élève moyen
« Je me trompe, donc je suis »
-Xavier Tartacover
Cet énoncé très humble met en valeur le fait qu'il est dans la humaine de se tromper et donc qu'en se trompant, nous assurons notre existence. Énoncée par Xavier Tartacover, un grand joueur d'échecs du XXème, cette citation faisait référence aux maîtres des échecs qui font des erreurs lors des parties. Toutefois, cela prouve qu'ils sont humains, car l'erreur fait partie de l'existence.
L'élève moyen adore ce dicton, notamment lorsqu'il doit montrer sa copie d'examen dont la note est peu pompeuse à ses parents. Si le résultat est médiocre, il peut au moins affirmer qu'il est bel et bien vivant.
2. La phrase qu'aurait dite Descartes sur Twitter
« Je pense, donc je tweete »
-Bruno Cras
Très d'actualité, les élèves se reconnaissent immédiatement cette citation qui implique leur meilleur ami : les réseaux sociaux. L'auteur de cet énoncé, Bruno Cras, un journaliste et critique cinématographique (notamment critique au Festival de Cannes), a créé un recueil de citations et d'extraits de poèmes et de livres, qu'il appelle « tweets », car ces phrases ne contiennent pas plus de 140 caractères (ce qui était la particularité des messages sur Twitter, jusqu'à ce que le nombre de caractères passe à 280 en 2017). Bruno Cras trouvait que la plupart des grands auteurs, tels Rousseau et Rostand, faisaient des déjà des « tweets » bien avant l'apparition de Twitter (dans le sens où ils étaient de moins de 140 caractères et qu'ils étaient porteurs de messages profonds).
Jean-Jacques Rousseau Edmond Rostand
(auteur de Cyrano de Bergerac)
L'ironie de la chose, c'est que Twitter a été créé pour être facile et rapide d'utilisation, en n'utilisant que le minimum de mots dans chaque message envoyé. Pourtant, Bruno Cras trouvait que, au contraire, les « tweets » des grands auteurs étaient beaux par le travail donné à l'énoncé. En effet, un auteur qui possède une idée abstraite et complexe obtient beaucoup plus de mérite en la synthétisant et en la raccourcissant, de manière à l'exprimer clairement en peu de mots, qu'en prenant un livre complet pour expliquer sa pensée. Synthétiser son idée n'est pas une chose aisée, et cela peut parfois être impossible à faire.
« Je pense, donc je tweete » pourrait être reformulé par : Je suis doué et intelligent, alors je compose des alexandrins. En tout cas, c'est sans doute la traduction que Victor Hugo aurait choisie, car à son époque les auteurs étaient payés au mot, et la synthèse n'était pas toujours ce qu'il y avait de plus payant.
*Parenthèse*
Si on considère que un mot comprend en moyenne six lettres et que le nombre de caractères est limité à 140, cela fait un maximum de vingt-trois mots par message, mais à cela il faut enlever les caractères pris pour les espaces, ce qui nous fait perdre vingt-deux caractères (un espace après chaque mot, sauf le dernier).
140 - 22 = 118, et 118 / 6 = 20 mots. Le nombre maximum de mots permis dans une production écrite moyenne est de 250.
250 / 20 = environ 13 mots. Conclusion : un message sur Twitter vaut le 1/13 d'une production écrite, ce qui est tout de même beaucoup pour un message supposé être lu et compris en quelques secondes. Nous avons donc la preuve qu'il n'y a pas assez de mots permis dans les productions écrites.
J'espère que les professeurs de français prendront note de cette percutante analyse.
*Fin de la parenthèse*
Pour les grands écrivains d'antan, expliquer de grands principes en peu de mots, le plus souvent pour faire des alexandrins, était un art. Aujourd'hui, les gens utilisent encore peu de mots, mais les grands principes ont disparus pour laisser place à des paroles vides.
Parfois même, ce n'est plus des mots qui sont utilisés, mais des abréviations qui se sont tellement fait rétrécir qu'elles ne veulent plus rien dire.
Exemple d'abréviations pour personnes ne possédant qu'un seul doigt
(afin d'être plus facile à taper sur son téléphone cellulaire)
ou tout simplement pas assez lettré pour écrire des mots complets
1. pk : pourquoi
Cela ressemble vraiment aux initiales incomplètes de P.K. Subban
2. tjs = toujours
On dirait plutôt l'acronyme de la TPS mal orthographié
3. AMHA : à mon humble avis
Cette acronyme ressemble plus à un nom de personne
Les élèves n'ont même plus besoin de penser pour exister. Pour certains, « tweeter » suffit amplement.
3. La phrase que tous les exploités de la Terre se disent
« Je pense donc je nuis »
-Serge Quadruppani
« Je pense donc je nuis », est le titre d'un roman écrit par Serge Quadruppani qui raconte l'histoire d'un pirate informatique ayant pour objectif de plonger le monde dans le chaos. Le titre fait sans doute référence au fait que dès que le pirate informatique pense et agit, c'est pour nuire. Toutefois, je préfère voir ce titre d'une toute autre façon. Si, de nos jours et dans les pays démocratiques, le droit à l'opinion et à l'expression est acquis, il fut un temps ou la réflexion n'était pas permise et où elle nuisait. L'exemple le plus flagrant est sans doute celui de Galilée, ce grand astronome qui a clamé sous le nez de l'Église que la terre n'était pas le centre de l'univers. Selon l'Église catholique, de telles paroles étaient hérétiques et contredisaient tout l'enseignement de Dieu. Galilée a eu de la chance de ne pas avoir fini sur le bucher, mais il a du avouer qu'il avait tord et que l'Église avait raison.
Le procès de Galilée
Galilée est un exemple qui concerne la religion, mais la citation « Je pense donc je nuis » s'applique à plein d'autres moments de l'histoire, en passant par les périodes d'esclavagisme (où posséder un esclave qui pense et qui est doté d'ambition était dangereux pour les maîtres) aux régimes communistes (où tout ce qui est dit est contrôlé et où les pensées ne doivent pas dévier de celles des dirigeants).
Il est effarant de constater que dès qu'une autorité contrôle notre manière de penser ou nous empêche carrément de le faire, nous cessons en quelque sorte d'exister. Descartes a bien dit que penser prouve que l'humain existe, alors que se passe t-il quand il ne pense plus ? Eh bien, le dicton resterait le même : « Je pense donc je suis », sauf que cette fois il s'agirait du verbe suivre, car sans pensée, l'humain est un mouton qu'on mène sans difficulté à l'abattoir.
4. Le slogan que chaque rebelle a sur le bout des lèvres
« Je me révolte, donc nous sommes »
- Albert Camus
Cette citation d'Albert Camus, homme de lettres et philosophe, provient de son livre L'homme révolté, dans lequel il cherche à comprendre et explique pourquoi l'homme se révolte et ce qui en découle. La citation en tant que telle possède deux sens ; le littéral, où, en général, lorsqu'un individu se révolte, c'est pour assurer sa survie, et il y a ensuite le sens plus abstrait, où lorsqu'un individu se révolte, il prône différentes valeurs qui le définit et qui lui donne une raison d'exister. En effet, des révoltes tout au long de l'histoire ont donné des raisons de vivre et d'espérer à des milliers de personnes, comme la marche du sel de Gandhi qui avait pour but d'obtenir l'indépendance de l'Inde.
Gandhi et la marche du sel
5. Le dicton fétiche des concierges !
« J'éponge, donc j'essuie »
-Richard Gotainer
Pourquoi ne pas finir avec une phrase humoristique ? Un calembour très divertissant ou un signe du destin pour travailler comme concierge ? Il n'y a pas de doute, Descartes serait sans doute surpris de voir à quel point son travail a été modifié. Cette citation provient d'une chanson écrite par Richard Gotainer, un chanteur, parolier et publicitaire français. Dans cette chanson au rythme entraînant qui est sûrement la préférée des obsessifs compulsifs du ménage, les jeux de mots et la passion du nettoyage sont au rendez-vous !
Ce morceau musical devrait à coup sûr être joué dans les cours d'art plastique lorsque vient le temps de nettoyer les tables. En plus de faire des élèves de vrais philosophes, cette chanson enseigne une morale que toute mère et tout professeur d'art voudrait inculquer à l'adolescent typique : Ce n'est qu'en nettoyant que l'on existe !
Voici le lien pour la chanson « J'éponge, donc j'essuie » : https://www.youtube.com/watch?v=iKP2UMtF5Ik





photo:https://nibiryukov.mgimo.ru/nb_pinacoteca/nbe_pinacoteca_philosophers_d.htm
photo:http://www.quantumgambitz.com/blog/chess/chess-february-birthdays-two-greats


dessin : Coralie Nadeau
photo:https://filledepaname.com/2018/01/24/le-paris-de-bruno-cras-monsieur-cinema-deurope-1/


photo: Wikipédia
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photo:https://www.babelio.com/auteur/Serge-Quadruppani/3444/photos
photo:http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-16671052.html

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photo : Youtube

Ok les jeunes, je suis votre nouveau professeur d'art. Pour commencer, nous allons laver le plancher, les tables et les chaises. Vous utiliserez aussi ma super éponge nettoie-tout pour rendre blanches et brillantes vos toiles barbouillées de peinture.
Mais ces toiles sont nos projets d'art plastique ! En plus, je suis un anti-mysophobe !!!!
OH Yaaaaaaaaayyyy !!!!!!
Au travail mon cher ! Ça n'existe pas une peur de la propreté !
photo : pinterest
dessin : Coralie Nadeau
Coralie Nadeau
16 août 2020



